aujourd’hui, c’est l’un de ces jours où je pouvais
taper le clavier par des orteils en avoir le même
échec. les phrases sont croisées, enfermées dans
ma tête tandis qu’il y a autant de choses à dire
au lieu de cela, je parle au téléphone tout le jour
„mes“ français emprisonnés ici et là, avec „mes“
allemands qui ne sont pas encore si emprisonnés
plus que prévu, écouter éternellement la même
lamentation quotidienne me corrode. et aussi
l’attente de nouvelles de ceux qui ne répondent
pas. cette incertitude consume mon intérieur …
d’être proche, c’est essentiel. la distance de sécurité
contre le confinement. l’échange. à chaque bouche
une oreille, un coeur. ton coeur, ton oreille, ta bouche
il y a les jours difficiles. le soir, je me sens bourré
et renversé. vidé. abandonné. puis je souhaite notre
retour au paradis de rêves, toi et moi, en tête à tête
oui, je veux t’avoir dans mon jardin, coude à coude
à table, dans mon lit. voilà tu lèves l’ancre, voilà tu
mets les voiles, voilà tu quittes ton port de sécurité
s’il te plaît, c’est un de ces jours où je pouvais taper
aussi mal que d’habitude avec mes orteils. elles sont
croisées dans la tête, les phrases. elles ne veulent pas
sortir. j’aurais aussi besoin de mots d’encouragement
—–
heute ist einer jener tage, an denen ich bei ebenso
grossem misserfolg auch mit meinen zehen tippen
könnte. die sätze sitzen quer im kopf, sie kommen
nicht heraus. dabei gäbe es doch so viel zu sagen
stattdessen telefoniere ich seit tagen stundenlang
mit „meinen“ eingesperrten franzosen hier und dort
mit „meinen“ noch nicht so eingesperrten deutschen
täglich das gleiche jammern über immer gleiches
anzuhören, greift mich mehr an als erwartet und
das warten auf nachricht von denen, die sich nicht
melden. die ungewissheit frisst mich von innen auf …
sich nah zu sein ist jetzt gefordert. der sichere kontakt
gegen die gebote der vereinzelung. austausch. jedem
mund ein ohr, ein herz. dein herz, dein ohr, dein mund
doch gibt es die schweren tage. abends fühle ich mich
übervoll. ausgeleert. ausgeschüttet. allein gelassen. da
wünsch ich dir und mir mein gedankenparadies zurück
dann will ich dich in meinem garten haben, an meinem
tisch, in meinem bett. da lichtest du anker, da ziehst du
die segel auf, da lässt du hinter dir den sicheren hafen
bitte entschuldige. heute ist einer dieser tage, an denen
ich genauso schlecht wie sonst mit meinen zehen tippen
könnte. die sätze sitzen quer in meinem kopf, sie wollen
nicht heraus. auch ich brauchte worte der ermutigung
foto: zehnzehenschreiben
méthode podiographique
le pradet, 16. april 2020
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