„comment le couvre-feu est-il appliqué ? peux-tu encore
circuler librement ou es-tu toujours chez toi, maintenant ?“
le matin, nous nous sommes rencontrés dans la maison
et enfin on a joué dans le jardin. il faisait ensoleillé et
chaud. oui, c’est mon quartier, ma maison, ici. mais quel
luxe d’être dans un jardin avec des enfants ! des millions
de français vivent dans des gratte-ciel de banlieue au
treizième étage sans balcon. enfermés pendant 45 jours …
quand ils veulent faire des courses, ils prennent les
escaliers par peur de leur voisin. combien de niveaux
d’anxiété y a-t-il chaque jour ? être enfermé pour des
familles dont le quotidien est souvent beaucoup plus
séparé … les chiffres relatifs à l’augmentation de la
violence domestique seront intéressants et éloquents
si nous les apprendrons, plus tard
hier, le couvre-feu commençait à midi. mais on peut
imprimer des formulaires propres et ainsi délivrer
soi-même un permis. parce qu’on veut faire de courses
nécessaires. parce que le chien doit passer par le
coin. parce qu’on est malade. absurde. ça prend
beaucoup, beaucoup de papier. après tout, il y avait
peu de circulation dans la rue le soir, mais plus que
j’ai attendu, et le supermarché du coin n’avait presque
pas de clients. jusqu’à midi, on pouvait voir des
centaines de mètres de files d’attente devant les
grands supermarchés. si tu voulais vraiment être
infecté, c’était probablement un moyen sûr d’y arriver
mais cela demandait beaucoup de patience. et pourquoi
pas ? en france, faire la queue fait partie des bonnes
et curieuses manières
l’attente semblait avoir désinhibé la cupidité, si bien
qu’au final, de nombreux supermarchés avaient des
rayons vides, des jours avant le couvre-feu. et pour
quoi les gens se battaient-ils ? pour les pâtes et le
papier toilette. génial. beaucoup de gens se dirigent
en fait vers la fin du monde et ils achètent. . . des
nouilles. mais c’est vraiment la fin ! je suppose que
le papier toilette a été thésaurisé par des trous du
cul, car les masques respiratoires sont vendus depuis
longtemps
et où est l’amour dans ces temps du choléra ?
—–
„wie setzen sie die ausgangssperre um? kannst du dich
noch frei bewegen oder bist du die ganze zeit zuhause?“
wir haben uns am vormittag bei der familie getroffen und
später im garten gespielt. es war warm und sonnig … na
klar. das hier ist meine gegend, mein zuhause. aber was
für ein luxus, jetzt mit den kindern in einem garten sein zu
können. millionen franzosen wohnen in hochhäusern der
vorstädte im dreizehnten stock ohne balkon. eingesperrt
für 45 tage. wenn sie einkaufen wollen, nehmen sie aus
angst vor dem nachbarn die treppe. das sind alltäglich
wieviele stufen der angst? und so lange eingesperrt zu
sein ist für familien, deren alltag oft viel getrennter verläuft
… die zahlen für den anstieg häuslicher gewalt werden
interessant und beredt sein, sofern wir sie dann erfahren
gestern galt ab mittags die ausgangssperre. man kann
sich formulare ausdrucken und so selber eine erlaubnis
erteilen. weil man einkaufen will. weil der hund um die
ecke muss. weil man krank ist. absurd. das braucht
viel, viel papier. immerhin war am abend wenig verkehr
auf der strasse, doch mehr als ich erwartet hatte, und
der supermarkt um die ecke hatte kaum kunden. bis
mittags konntest du in frankreich noch hundert meter
lange warteschlangen vor den grossen supermärkten
sehen. wenn man sich wirklich anstecken wollte, dann
war das wohl ein sicherer weg dahin, der allerdings viel
geduld abverlangte. aber warum nicht? in frankreich
ist geduldiges schlangestehen eine seltsame gewohnheit
das warten schien die gier enthemmt zu haben, so dass
am ende viele supermärkte leere regale hatten, schon
tage vor der ausgangssperre. und um was rissen sich
die leute? um nudeln und klopapier. grossartig. da geht
es für viele tatsächlich auf’s ende der welt zu und sie
kaufen … nudeln. das ist allerdings wirklich das ende!
das klopapier wurde, vermute ich, von arschgesichtern
gehamstert, weil atemmasken lange ausverkauft sind
und wo bleibt, in diesen zeiten der cholera, die liebe?
foto: l’amour dans ces temps du choléra
die liebe in diesen zeiten der cholera
le pradet, 18. märz 2020