[ le rêve est arrivé à sa fin. der traum ist aus ]

 

 

le rêve est arrivé à sa fin. tantôt, tu m’avais parlé. et
qui veux-tu dire, ai-je demandé. et là, une haute lune

argentée se dresse sur les pins endormis. les brisants
rapportent la musique et les rires d’un bateau. sous le
couvert de la nuit on célèbre la fin à venir du cachot

est-ce une solution? enchaîner, rien ne s’est passé?
tout ce qui est perdu et tous les perdus éclipser le
temps d’une grosse fête? espérer qu’on aura du bol
à nouveau, la prochaine fois, qui viendra sûrement?

qui se courbait aussi bas sans résistance, peut-il se
tenir debout désormais? peut-on vraiment déboucher
la bouteille, rire, danser, sans inventaire? dis-moi …
n’avons-nous pas tout perdu, depuis longtemps?

mes nuits sont un livre. chaque frayeur tourne une
page. et, je t’ai questionné, as-tu pensé à nous?

avant je trouvais la réponse au clair de lune qui déverse
son argent sur les pins endormis. à présent je me
réveille avec le coeur qui palpite et les mains endolories
accrochées à je ne sais quoi. le rêve est arrivé à sa fin

 
—–
 

der traum ist aus. du hattest mit mir gesprochen, eben
noch. wen meinst du eigentlich, so fragte ich. und dort

steht ein hoher mond silbern über den schlafenden
kiefern, mit der brandung wogt musik und gelächter
übers meer heran. im schutze der nacht feiert man
auf einem boot das kommende ende dieses kerkers

ist das eine lösung? einfach weitermachen, nichts
ist geschehen? alles, was verloren, alle verlorenen
mit einem grossen fest vergessen? hoffen, dass wir
weiter glück haben, beim sicheren nächsten mal?

wer sich ohne widerstand so tief gebeugt hat, kann
der aufrecht weiterleben? geht das, eine neue flasche
entkorken, lachen, tanzen, ohne inventur? du, sag
mir, haben wir vielleicht lange schon alles verloren?

meine nächte sind ein buch. jedes erschrecken schlägt
eine seite auf. und, fragte ich, hast du an uns gedacht?

früher fand ich antwort im licht des mondes, sein silber
ausgiessend über schlafende kiefern. nun erwache ich
klopfenden herzens, meine hände halten schmerzhaft
woran ich mich nicht erinnern kann. der traum ist aus

 

foto: dans la nuit
le pradet, 27. april 2020
 
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